18 juillet 2008

Marc Borneck - Assemblée du 27-06-08

Madame la Présidente, chers collègues,

« Travailler plus pour gagner plus !» : Nicolas Sarkozy a répété ce slogan tout au long de sa campagne, jusqu’à plus soif. Mais, sans revenir sur un discours pour le moins démagogique, aujourd’hui, quelque mois seulement après ce bourrage de crane, la devise sera peut être : « travailler moins pour dépenser moins ».
Attention, il ne s'agit pas de se tourner les pouces. C'est le renchérissement de tous les coûts énergétiques qui a servi de déclencheur. L'idée pour certains est d'organiser l'activité économique autour d'une semaine de quatre jours, pour la rendre plus efficace et faire de solides économies d'énergie. Le concept de base : des journées plus longues, mais une présence de 4 jours de boulot par semaine, et non plus 5.

C’est en tout cas ce que s’apprêtent à faire des dizaines de villes aux Etats-Unis. Birmingham, en Alabama, une ville de 250.000 habitants, vient de proposer ce schéma à ses 3.400 employés municipaux. Les premières évaluations prévoient déjà des économies, pour les salariés, proches du million de dollars pour leurs seules dépenses de carburant. Voilà du pouvoir d'achat intelligemment récupéré. Certaines villes étendent ce projet aux écoles. Les élèves ne vont plus que 149 jours par an en classe, au lieu de 172, ce qui, au total, représente, là encore, des millions d'heures de trajet en moins, des bâtiments qu'il ne faut plus climatiser ou chauffer en permanence, des cantines qui ne restent plus ouvertes en continu et, pour les parents, des gardes d'enfants qu'il faut payer en moins, à condition que les horaires des uns et des autres soient cohérents.

Et cela tombe bien, en France, selon un sondage publié pour le compte de l'Institut de l'Entreprise, un organisme patronal : 80% des sondés ne sont pas intéressés par le "travailler plus pour gagner plus".

Vous l’avez bien compris, j’utilise volontairement la provocation pour illustrer mon dessein, mais il n’en demeure pas moins que nous serons obligés de modifier nos habitudes de transports et de travail face à cette hausse des prix des carburants et ceci très rapidement.
Aujourd’hui certains de nos concitoyens sont en droit de se poser la question du bien fondé de continuer à aller travailler, dans la mesure où le cout de leur transport, plus particulièrement celui en voiture, est en inadéquation avec leur budget. On mesure d’ailleurs ici la bêtise de cette persécution supplémentaire que subiront les chômeurs avec leurs nouvelles obligations d’accepter un travail dans un rayon de 30 km autour de leur domicile.

En attendant que soient un jour remises à plat toutes les stratégies de délocalisation des entreprises, il faudra bien que nous apportions des solutions. Comme d’ailleurs, il faudra bien nous interroger sur les modes de production et de distribution qui font qu'un yaourt fait parfois plus de 4.000 km en cumulé avant d'être dans notre assiette. A ce titre, la conférence agricole souhaitée par la Présidente pour l’automne sera l’occasion de nous interroger et d’apporter des solutions à ces non sens que représente le transport de certaines marchandises. Pour notre part, nous avons toujours insisté sur la nécessité de mettre en place ces fameux circuits courts et les produits agricoles peu gourmands en produits phytosanitaires. N’en déplaise à l’UNOSTRA, il y a trop de camions sur les routes. Et il nous faudra rapidement, trouver un moyen d’étendre au grand Est, la taxe poids lourds qui doit être expérimentée par l’Alsace. Nous devons nous aussi, participer à l’effort de sobriété que notre société va devoir s’imposer.

Si la région est aujourd’hui reconnue dans le domaine des économies d’énergie dans le bâtiment, avec le travail que nous avons initié nationalement dans le cadre d’Effinergie, nous devons également mesurer nos faiblesses. Notre politique répond-elle réellement à l’enjeu de la production d’énergie renouvelable, criant hier pour des raisons écologiques, et évident aujourd’hui pour des raisons économiques.
Avons-nous été suffisamment ambitieux dans l’élaboration de nos schémas, du SRADT dont nous allons faire un point d’étape aujourd’hui, et du SRIT, sa déclinaison sur les transports, notamment sur une des 3 orientations retenues, à savoir promouvoir une mobilité durable. Si nous avons bien mis en place un Plan de Déplacement d’Entreprise au sein de notre collectivité, nous n’avons pas su trouver les incitations nécessaires à son déploiement dans d’autres lieux.

A notre décharge, le SRIT a été élaboré dans contexte national de déni d’un état qui n’a pas su anticiper, bercé par le discours anti Kyoto de tous les libéraux attachés à leurs profits à court terme.
Aujourd’hui, notre région reprend l’initiative, comme par exemple, en créant et simplifiant une tarification attractive pour l’utilisation de nos TER. Ainsi une plus grande partie de nos concitoyens aura la possibilité de se déplacer en FC à des prix raisonnables. Allons encore plus loin, en adaptant la tarification aux nouveaux modes de vie de nos concitoyens ! A savoir, une complémentarité entre transports en commun et transports individuels. Et bien sûr, sur une tarification adaptée aux enjeux sociaux d’aujourd’hui et plus particulièrement aux plus précaires.

L’agenda 21 que nous construisons et porté fortement par la présidente, nous permettra je l’espère de recalibrer les exigences du SRADT à l’aune de cette urgence énergétique.
Dans le même esprit, celui qui nous anime tous, de faire de la Franche Comté un territoire se développant durablement, nous nous réjouissons de la volonté affichée aujourd’hui, de développer l’utilisation de la visio conférence. En effet que de kilomètres nous pouvons éviter en utilisant cet outil de façon objective. Le choix d’aider plus particulièrement les communautés de communes et les Pays à se doter de ces nouveaux dispositifs est particulièrement judicieux et permettra n’en doutons pas d’optimiser au mieux le travail mené par les uns ou les autres.
(Nous avons adopté notre SRIT le 13 novembre 2006. Il se donne pour horizon 2015 et 2025. Sa structure, et les engagements que nous y prenons, restent évidemment valable pour l’essentiel, mais peut-être pouvons-nous envisager de le modifier, ou plus précisément de l’amender et le compléter, aux vues de ce que l’actualité nous confirme : les plus fragiles de notre société subissent de manière cruelle et cumulée les erreurs de toute la société).

Je ne peux à cette heure, chers collègues, que vous demander de montrer l’exemple chaque fois que vous le pourrez et lorsque ce ne sera pas possible de vous astreindre à covoiturer le plus souvent possible.

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