01 mars 2012

Homs : ville martyre. Qui es-tu ?

Au delà des explications politiques et religieuses évoquées actuellement, pour situer Homs dans le contexte communautaire actuel de la Syrie, c’est sans aucun doute l’enjeu géostratégique capital de cette ville qui fait s’abattre sur elle, les bombes d’une dictature déchainée, et dont les habitants sont les innocentes victimes aujourd’hui. Il est essentiel de rappeler que cette ville nait au débouché d’une vallée qui structure la circulation des populations et des marchandises entre la Méditerranée et l‘intérieur des terres syriennes incisant les barrières montagneuses littorales. Cet axe pénètre au cœur du pays, jusqu’au croissant fertile de l’Euphrate. C’est pourquoi cette vallée, de tout temps, constitua un enjeu majeur. Les égyptiens et les Hittites s’y étaient confrontés lors de la célèbre bataille de Qadesh, en 1214 avant notre ère. Lors des croisades, dès le XIème siècle, la plus fameuse forteresse, dite « le Krak des Chevaliers » fut érigée au sommet du massif montagneux qui la domine, le Djebel Ansariyya. Les occidentaux y installèrent leurs armées dans cette ville durant les différentes périodes d’occupation. Ce peuple syrien face au déferlement de violence que lui inflige Bachar Al Assad attend des autres populations une mobilisation forte et rapide pour imposer le rappel des droits des peuples à la démocratie, au respect de l’homme. Ni le droit, ni l’émotion ne semblent au rendez-vous. Pourtant, depuis des semaines, les médias dénoncent et font la preuve des violences faites, même aux enfants les plus jeunes. Les images montrent les forces armées éventrer les demeures, écraser les ressources en eau, torturer les populations. Sommes-nous bouleversés de ces souffrances ? En réalité, le peuple syrien paye le lourd tribut d’une histoire récente trop souvent résumée par son association au terrorisme, à l’intégrisme, à une diabolisation même. Que n’avons-nous laissé penser que ce pays n’avait de sens que par la peur et la violence qu’il pouvait générer. Que n’avons-nous oublié de rappeler que ce pays appartenait à nos racines culturelles. Que les blés du croissant fertile ont migré jusqu’à nos plaines pour nous procurer nos céréales actuelles, que les premières écritures y ont été inventées, que la Rome antique y a laissé des sites archéologiques époustouflants, que les premières églises chrétiennes y ont été fondées, que le monde arabe fut un médiateur, entre l’Inde, la Chine et le bassin méditerranéen, d’intelligence mathématique, arithmétique, médicale, géographique, architecturale, que la jeunesse actuelle est bardée de diplômes d’ingénieurs, de médecins, de dentistes… Il serait irresponsable que nous laissions la force des images noires ternir la beauté d’une humanité qui s’est épanouie à la croisée des continents et des populations. Le drame de la Syrie force à penser ce que veut dire civilisation, solidarité et humanisme au moment où nos institutions sont en pleine expression démocratique. Anne VIGNOT

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