Interventions d'Eric Durand sur la politique "Transport" et de Marc Borneck sur l'aéroport de Tavaux
Le modèle
TGV a définitivement trouvé ses limites, et pas seulement le rendement de la
ligne LGV Rhin Rhone.
La cour des
comptes a dénoncé, dans un rapport d’octobre dernier, la non rentabilité des
LGV françaises, rentabilité qui est biaisée, selon la cour, par l’optimisme
exagéré des estimations de voyageurs lors des études préalables, et par les
taux de subventions publiques qui se sont élevées jusqu’à 80% du montant des
travaux.
En ce qui
concerne la LGV Rhin Rhône, le trafic réel après 3 ans d’exploitation frôle à
peine le million de voyageurs, alors que 12 millions avaient été annoncés pour
vendre la ligne aux financeurs.
Nous nous
apprêtons à voter une inscription budgétaire pour une énième étude sur la 2ème
phase de la branche Est. Cette étude, dite d’optimisation, d’un montant de
50 000 euros en CP et 100 000 euros en AP, doit permettre de réduire
les coûts estimés par RFF pour la réalisation des 35 kilomètres de ligne
nouvelle entre notre région et l’Alsace, estimés actuellement à 850 millions
d’euros.
Ce besoin
de réaliser une étude d’optimisation financière en dit long sur le coût de la 1ère
tranche de la branche Est, avec ses 2 gares, et dont l’investissement colossal
de 2,3 milliards contribue sans aucun doute au déficit de la ligne actuelle.
Nous pensons que la dépense de cette étude est
inutile, puisque le rapport « mobilité 21 » de la commission Duron a
repoussé la réalisation de la 2ème phase de la branche Est vers une
période 2030/2050. D’ici là, il est bien évident que des études avant-projet
pour les travaux seront menées, afin de réactualiser la faisabilité de la
réalisation de la ligne dans le cas où le projet de la 2ème phase
soit confirmé, malgré le modèle économique du TGV remis en cause depuis
quelques mois.
Sur le
sujet du volet routier de ce budget transport, je voulais, au nom du groupe
EELV, réitérer notre position sur la participation du Conseil Régional au
financement des routes nationales.
Une
nouvelle fois au nom d’accords passés il y a plusieurs années entre les collectivités
et l’Etat, à une époque où l’un et les autres géraient les fonds publics avec
plus de générosité et de liberté financière, nous nous apprêtons à nous engager
de nouveau dans le financement des routes nationales pourtant très
dispendieuses.
A chaque
négociation du CPER, que le volet routier y soit intégré ou traité à part comme
dans l’actuel contrat qui se termine avec le PDMI, l’Etat reporte une partie de
ses engagements non honorés dans le nouveau contrat.
En quoi
sommes-nous tenus de réinscrire systématiquement notre participation à des
travaux routiers sur des engagements pris par, on ne sait plus qui, on ne sait
plus en échange de quoi, entre des gouvernements qui ont plusieurs fois changé,
et des exécutifs locaux qui ont changé également ?
Par
ailleurs, la répartition des compétences reste floue, puisque les départements
après un intense lobbying pour conserver un maximum d’attributions pourraient
conserver les routes départementales dans la loi « Notr ».
De manière
globale, la question reste posée : à qui revient le financement de ces
infrastructures ? Et sont-elles toutes utiles et nécessaires ?
A ceux qui
me répondront que le développement économique dépend directement de l’état de
nos infrastructures routières, je répondrai que cela y contribue sans doute,
mais que l’on peut noter que des pays comme l’Allemagne ont fait le choix de
porter leur effort directement sur l’économie plutôt que sur les routes. Le
résultat sur l’économie d’Outre Rhin montre que cela n’a pas handicapé les
entreprises allemandes.
Il est
évident que nous devons orienter nos efforts vers les équipements alternatifs
au « tout route », et éviter d’aménager des routes qui constituent de
véritables aspirateurs à voitures et à camions.
Au sujet
des camions, il convient de préciser que ces derniers ne contribuent pas à la
hauteur de l’usage qu’ils font de nos infrastructures.
Un camion,
selon Philippe Duron, président de l’Agence de Financement des Infrastructures
de Transports, participe à l’usure d’une route 20 à 100 fois plus qu’une
voiture. Ce rapport est sous-estimé selon certains experts qui se basent sur un
modèle de calcul américain qui a établi une méthode ayant servi de base à la
construction de la plupart des infrastructures des Etats-Unis.
Cette
méthode de calcul évoque un rapport de 10 000 fois entre l’usure d’un
camion et d’une voiture sur les routes.
Je pourrais
évoquer également ici, l’impact important sur la santé avec l’émission de
particules fines, 42 000 morts prématurées en France par an (pas seulement
la cause des camions, bien entendu), également, les problèmes de sécurité
routière et de traversée d’agglomérations dangereuses. Cela pour vous dire
qu’il nous paraît important, comme beaucoup de citoyens et d’élus en France,
que le transport routier tende à contribuer à la hauteur de son impact.
C’est
pourquoi, nous soumettrons en fin de séance, un vœu proposant que notre région
soit retenue région pilote de l’expérimentation de l’écotaxe poids lourds.
Je vous
remercie.
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