19 juillet 2006

Garder la Franche-Comté « libre d'OGM » : Eric Durand


C'est le but du conseil régional, signataire de la « Charte de Florence ». Elu Vert, Eric Durand juge que l'intérêt des consommateurs et des agriculteurs est en jeu.

BESANÇON. _ En juin 2004, à la demande des six élus Verts, le conseil régional de Franche-Comté avait voté une motion disant son opposition à toute culture ou usage d'organismes génétiquement modifiés. Et, en février 2005, il avait signé la « Charte de Florence » rejoignant ainsi 33 autres régions européennes désireuses de protéger leurs AOC et produits de terroir d'éventuelles contaminations, dans un strict respect de la biodiversité. Seulement, cette déclaration de principe effectuée, comment la concrétiser ? Et passer de la théorie écologiste à la réalité économique ? A Rennes, réunies sous la bannière de leur réseau « GM-Free » (en français « Libres d'OGM »), ces collectivités ont exploré ensemble les pistes pour y parvenir.
Eric Durand y représentait la Franche-Comté. « Le problème, c'est qu'une directive européenne oblige les états membres à autoriser les cultures OGM sur leurs territoires », remarque le conseiller Vert. « C'est pourquoi nous avons retenu comme base de notre réflexion la coexistence entre cultures OGM et non OGM, librement choisie à l'échelon local. Et réclamé, en complément, l'instauration de règles si draconiennes pour les cultures d'OGM qu'elles dissuadent les opérateurs de s'y lancer ». Afin d'inciter la Commission européenne à modifier en ce sens sa fameuse directive 2001/18 qui leur interdit de proscrire la culture d'OGM de leurs sols, ces 33 régions de France, Italie, Ecosse, Autriche, Espagne et Irlande ont par ailleurs décidé de s'ériger en lobby d'influence et, pour la première fois, de « faire pression ».
Circuits courts
Car il y va, pour Eric Durand, de l'intérêt et de la santé du consommateur. « Ce qu'il faut, c'est préserver la qualité et la sécurité », résume-t-il. « Cela implique de garder des zones non-OGM, afin d'éviter le croisement des cultures dans l'espace et le temps. En Franche-Comté, ça pourrait être le cas dans le massif pour bien protéger la filière du comté ». L'OGM pouvant être cultivé, mais aussi utilisé dans le cadre de l'alimentation du bétail, certaines régions ont entrepris de s'approvisionner en direct au Brésil, dans la province de Parana qui s'est spécialisée dans la production de protéines naturelles sans modifications génétiques, essentiellement du soja. Sans aller jusque-là, puisque sa dimension modeste ne le justifie pas, la Franche-Comté ne saurait, affirme l'élu écologiste, ignorer cette question.
« Si demain des OGM entraient dans l'alimentation des vaches et des porcs, quelle confiance les gens garderaient-ils dans nos fromages et nos saucisses de Morteau ? », interroge Eric Durand. « Quels dommages en résulteraient pour l'agriculture ? » Outre l'accentuation de la responsabilité juridique des opérateurs des cultures d'OGM, selon le principe du pollueur payeur, l'élu des Verts prône un « travail en interne » pour que chaque région développe son ingénierie en la matière. « On peut acheter des protéines propres à l'extérieur, mais il est aussi envisageable d'élaborer des réseaux d'échanges et des circuits courts », dit-il. « En Franche-Comté, pourquoi ne pas imaginer une telle autonomie ? Et que la Haute-Saône, par exemple, produise dans l'avenir des protéines sans OGM à l'intention des éleveurs du Jura et du Doubs ? »
Jean-Pierre TENOUX
L'Est Républicain - 12/12/2005

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