04 octobre 2006

Bonfol décharge frontalière

Intervention Alain Fousseret

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un grand plaisir que j’interviens à cette conférence de presse.
Je parlerai aujourd’hui en mon nom, à la fois d'élu régional et militant vert de Franche-Comté et avant tout au nom du Collectif BONFOL qui depuis 2000 s’est engagé dans cette campagne pour l’assainissement total de la décharge.
Est-ce nécessaire encore et encore de redire la dépendance de la France quant aux conséquences de l’assainissement ou non de cette fameuse décharge qui repose à quelques centaines de mètres de la frontière française.
Extrême dépendance pour nous français, parce que nous sommes en aval de cette décharge, que les eaux ruissellent, qu’un assainissement mal réalisé serait tout aussi grave que pas d’assainissement du tout et que les eaux de consommations comtoises et alsaciennes sont depuis des années sous la menace permanente de cette contamination toxique.

Nous n’avons pas, en ce qui nous concerne à chercher ni à déterminer qui est à l’origine de cette situation ni qui en a été activement ou tacitement complice. Aujourd’hui, il existe toujours une structure qui se nomme BCI, qui représente les grands de la chimie bâloise et qui s’est engagée à assainir cette décharge et je dirais … en leur nom et sous leur haute responsabilité morale.
Aussi chaque fois, que je vois une publicité de NOVARTIS, CIBA, ROCHE etc … je vois toujours la tache virtuelle qui macule cette publicité, c’est la décharge de Bonfol qu’ils tardent depuis tant d'années à assainir et qu’ils s’apprêtent enfin à réaliser mais dans des conditions incroyablement périlleuses.

Nous ne tomberons pas dans le piège,
Vous le voyez le piège ?

Vous venez d’entendre pourquoi nous considérons que la copie du projet d’assainissement est à revoir, dans son intégralité car beaucoup trop d’incertitudes, d’omissions persistent malgré nos demandes moult fois réitérées.
Mais d’aucun pourraient nous dire, OUI mais c’est ce qu’attend la chimie baloise, que vous contestiez leur projet, cet élément leur permettant alors de ne RIEN FAIRE et d’économiser les frais d’assainissement.
Et bien, NON ! BCI a bâclé son travail, mais BCI et la chimie bâloise doit faire impérativement cet assainissement et cela dans les conditions les plus sérieuses qui font aujourd’hui encore et toujours défaut.

Nous venons de vous exposer les défaillances de ce projet
Sans les reprendre dans le détails soulignons et concluons sur chacun de ces aspects. Et à chaque fois, la question se pose vis-à-vis du maître d’ouvrage de cet assainissement : Incompétence ou malhonnêteté ?

Premier élément :
L’alimentation en eau de nombreuses communes françaises est en jeu.
Une étude commandée par le Conseil régional de Franche-Comté à deux experts de renommée internationale confirme que la pollution a largement commencé à contaminer le sous sol et que les données annoncées par les bureaux au service de BCI sont souvent plus que discutables. Comment croire ces bureaux d’étude alors que tout expert indépendant face à la chimie bâloise dit le contraire.
Aujourd’hui nous pouvons affirmer car nous le savons, que les hydrogéologues qui ont travaillé pour le canton du Jura arrivent aux mêmes conclusions que nous, la modélisation hydrogéologique est fausse.
Si ce que je dis est faux, qu’ils viennent le démentir.

2° élément
Comme le précisent toutes les études objectives de référence des lentilles sableuses sont disséminées dans les argiles de Bonfol. Le projet de BCI ignore leur importance.
Car bon nombre de ces lentilles sont contaminées et hors du périmètre même de la décharge.
L’enquête ne donne pas de détails suffisants sur les modalités d’épuration de ces couches.
De même, les fuites verticales de polluants sous la décharge de Bonfol vers les couches aquifères profondes ne sont pas prises en compte à leur juste valeur, car ces eaux s'écoulent vers la Vendeline (ruisseau franc-comtois) mais aussi vers l’Alsace.
Scandaleux également, les 3 fameux piézomètres dans la Série des Vosges que les autorités françaises ont dû réclamer si longtemps, n'ont finalement pas été exécutés à une profondeur suffisante pour apprécier cette pollution profonde. Alors que la pollution est à rechercher jusqu'à 80 et 100 m de profondeur , les piézomètres creusés par BCI font 15, 27 et 37 m … de qui se moque t’on ?
Incompétence ou malhonnêteté ?

3° élément
La pollution résiduelle des sols environnants de la décharge, qui ont subit à large échelle durant de nombreuses années des épandages des jus de cette dernière, n'a pas été mesurée. Leur décontamination n'est donc pas prise en compte.
Les preuves s’accumulent pour montrer la fragilité des sources françaises et leurs captages publics, le projet ne les prévoit pas comme biens à protéger au sens de la loi Suisse, alors que les scénarii de pollution évoqués dans les dossiers montrent un impact probable sur ces objets.
Mieux encore, non, pire encore, au cours des années les substances détectées sur certaines sources et rivières ont bizarrement diminuées passant de 12 à 4. Surprenant ? pas vraiment, au même moment BCI et associés relevaient d'un facteur 10 les seuils de détection de ces substances, les faisant par la même occasion disparaître
Incompétence ou malhonnêteté ?

4° élément
Coté gaz, c’est le brouillard le plus total …
A l'instar de la commune de Bonfol qui s'inquiète pour sa population sur la qualité des effluents gazeux, trop d’inconnus subsistent :
Produits inconnus, méconnaissance des produits de dégradation, extrapolations aléatoires basées sur de trop maigres données tous ces éléments confirment le bâclage du dossier relatif aux effluents gazeux de cet assainissement.
Pire on ignore totalement l’impact sanitaire de ces diffusions chroniques des gaz inconnus sur les habitants.
On peut comprendre l’angoisse croissante des populations riveraines.
D’une façon générale, le système de surveillance et d’alerte est dérisoire face à la menace qu’il encourt. En effet, on ne peut mettre de coté la protection de près de 20 000 habitants qui sont concernées à l’aval et sous les vents de la décharge.

Pour conclure,
La BCI perd définitivement toute crédibilité tant technique que scientifique, on peut considérer qu'elle perd toute compétence.
BCI a même des problèmes d’archivage, en effet, elle déclare avoir égaré toutes les données lui permettant de définir clairement la composition des 114 000 tonnes de déchets. Qu’à cela ne tienne nos experts en ont déjà retrouvé au minimum 21 pages, Nous pouvons leur en confier une copie si ils s’engagent à ne pas la perdre.

Bref, sans rire, Il faut en finir avec les études bidons, les chiffres escamotés de BCI. Même les experts scientifiques mandatés par le Canton du Jura le reconnaissent…. Si c’est faux, qu’ils viennent le démentir
Il est aujourd’hui impératif que le travail d’analyse soit confié à des organismes compétents et indépendants validés et reconnus par tous les partenaires.
L’analyse, mais aussi la bonne exécution des travaux et les contrôle des rejets doivent être placés sous mandat d’experts qualifiés et neutres.

Nous ne faisons plus aucune confiance aujourd’hui à la chimie bâloise sur ce sujet alors qu’une telle opération ne peut se réaliser qu’a travers la confiance de tous.

Tous reconnaissent aujourd’hui l’urgente nécessité d’un assainissement de la décharge de BONFOL.
Mais en aucun cas cet assainissement ne peut se bâcler à petit prix comme se propose aujourd'hui de faire le mandataire de ROCHE, NOVARTIS, CIBA et cie .
La situation est grave, la santé de plusieurs dizaines de milliers de riverains tant français mais aussi suisses, ainsi que le milieu écologique est en jeu. Et que penser des travailleurs à la décharge …
Il revient à chacun de prendre ses responsabilités avant de laisser la machine se mettre en route.
Nous, le Collectif Bonfol, nous assumons notre responsabilité, en conscience, nous considérons que le projet est mauvais en l’état , qu’il faut le reprendre avec en partie de nouveaux intervenants. Nous assumons cette responsabilité.
Il revient aux autres acteurs de ce projet d’assumer les leurs et de ne pas laisser la machine se mettre en route pour dérailler dans quelques mois.

Nous n’en attendons pas moins, de cet acteur incontournable qu’est la chimie bâloise ainsi que de ce partenaire qu’est le Canton du Jura.

Que chacun prenne ses responsabilités devant les générations futures.

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