06 janvier 2009

Le Doubs, rivière « orpheline »

(article JP Tenoux – Est Républicain du 30/12/2008)
Aucun programme global de gestion du cours d’eau n’existait jusqu’alors.
L’établissement public territorial du bassin Saône et Doubs a décidé d’y remédier.

Bourg-en-Bresse : La situation, de l’aveu de Christophe Sirugue, président de l’Etablissement Public Territorial du bassin Saône et Doubs (EPTBSD), est insolite. Alors que cet organisme, autrefois syndicat mixte, multiplie depuis des années les contrats de rivière et de vallée, le Doubs n’a jamais été pris en compte dans sa totalité. « Il est quand même paradoxal qu’un des deux cours d’eau principaux de 450 kilomètres de longueur ne fasse l’objet d’aucune démarche globale alors que les études mettent en évidence de nombreux problèmes », a rappelé l’élu à ses collègues de Franche-Comté, Bourgogne et Rhône-Alpes convoqués à Bourg-en-Bresse. En espérant que la « réflexion » qui se conduit actuellement à ce propos leur « permettra d’avancer ».

Etat des lieux
Celle-ci a été confié à deux conseillers régionaux comtois, Eric Durand (Vert) et Martine Péquignot (PS). Leurs conclusions seront probablement présentées à la prochaine réunion de l’EPTBSD, prévue le jeudi 15 janvier à Besançon. « La rivière la plus importante de notre bassin est effectivement celle qui ne bénéficie toujours pas d’un programme d’études et de gestion », s’étonne Eric Durand. « Certes, il existe des contrats de rivière pour ses affluents, comme la Loue, et il existe un SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) pour le Haut-Doubs. Mais de Saint-Hippolyte à la Saône, il n’y a rien. Au niveau gestion, le Doubs y est orphelin ».
Le but de l’étude engagée par l’EPTBSD consistera donc à « appréhender ce Doubs moyen dans son ensemble, avec ses caractéristiques naturelles et les activités humaines qui font vivre les populations de la vallée ». Sa première étape a permis de réexaminer la soixantaine d’études parcellaires ou thématiques existantes pour dresser un état des lieux le plus complet possible.
Car le Doubs concerne au quotidien 315 000 habitants de 161 communes. « Les problématiques sont multiples », souligne le conseiller régional. « Au fil de son tracé, qui comporte 22 microcentrales, nous avons des pôles industriels (horlogerie, automobile, chimie), de l’agriculture partout, un patrimoine naturel écologique majeur avec des sites protégés, des zones Natura 2000, etc. Il était donc essentiel pour nous de déterminer les degrés de pollution des eaux, secteur par secteur. Ce qui a mis en lumière le fait que les affluents à petit débit étaient plus touchés que la rivière elle-même, mieux protégée par son débit plus fort ».

« Dévoyé »
La pollution industrielle, notamment par les PCB, est logiquement plus présente à hauteur du pays de Montbéliard et au sud du Doubs où elle s’ajoute aux pollutions d’origine agricole.
« Le diagnostic établi et les questions posées, nous devrons élaborer un programme d’actions pour améliorer la qualité de l’eau et entretenir sur 500 kilomètres les milieux, zones humides, berges et forêts alluviales dont 50 % au minimum sont à restaurer », note Eric Durand. Lequel s’avoie déçu que l’usage des fonds ATSR accordés par Dominique Voynet, à l’époque ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire, au profit du Doubs pour compenser l’abandon du projet de Grand Canal, ait été trop souvent « dévoyé ».

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