20 novembre 2009

Branche Sud de la LGV RR

A l’heure de la crise, doit-on mettre des milliards pour gagner des minutes ?
Les Verts pensent que NON !

Intervention de Sylvie Meyer lors de l'AP du 30 octobre 2009

Un budget déjà compromis par la branche Est.

Les débats récents ont porté sur le financement de la 2ème tranche de la branche Est de la LGV suscitant des inquiétudes et des interrogations :

Quel sera le coût réel et définitif de cette phase ? (Pour rappel : le coût de la branche Est – 1ère phase, annoncé dans un premier temps par RFF à 1.2 milliard s’évalue aujourd’hui à + de 2.5 milliards).
Peut-on se fier à RFF, en tant que maître d’œuvre, pour proposer cette fois des chiffres sincères et honnêtes ?
Est-ce aux régions de continuer à porter une part aussi lourde du financement global de cet axe trans-européen ?
L’ampleur des travaux prévus et le coût financier et environnemental sont-ils proportionnés à l’intérêt régional et au service rendu à chaque franc-comtois ?

Un projet de branche Sud démesuré et dépassé.

C’est dans ce contexte de questions restées sans réponse qu’on nous demande aujourd’hui d’exprimer un avis sur le dossier de synthèse des études préliminaires de la branche Sud de la LGV RR.

Or, les questions listées ci-dessus sont d’autant plus valides sur le projet de branche Sud que les sommes en jeu sont sans commune mesure : il s’agit ici d’un coût affiché de 3 milliards d’euros, dont on peut probablement et raisonnablement penser qu’il sera plus que doublé.

Dans la situation de crise actuelle et dans la situation d’étranglement budgétaire dans laquelle se trouvent les collectivités du fait de la politique gouvernementale, est-il responsable d’envisager de s’engager plus avant dans un tel projet ? Est-on sûr qu’il correspondra réellement aux besoins des générations futures auxquelles nous léguerons cette infrastructure ?

Les élus ont-ils encore le droit de vouloir marquer leur passage par des projets démesurés ?

Ne nous leurrons pas, un tel projet interdirait pour très longtemps tout autre investissement d’ampleur régionale, notamment sur le plan des transports TER ! A nos yeux, il parait indispensable d’aller sur des investissements sur les matériels roulants, ce qui est normal, mais aussi sur les infrastructures sur lesquelles la collectivité régionale devra à l’avenir s’engager si elle veut pérenniser et sauver son réseau ferroviaire.

Toujours plus vite, toujours plus cher !?

Le concept même de grande vitesse nous semble être à réinterroger : certes, les franc comtois ou en tout cas une certaine catégorie d’entre eux auront évidemment l’usage de cet équipement, mais il ne répondra pas aux besoins du plus grand nombre en ce qui concerne leurs déplacements quotidiens de proximité et inter-régionaux.
Il est donc peu probable qu’ils soient prêts à gagner quelques minutes sur le trajet à tout prix, et à n’importe quel prix. D’autres équipements de transports sont par contre absolument nécessaires pour garantir l’ampleur et la qualité de l’offre de service qui leur sera proposée, en respectant l’équité territoriale et notamment la desserte du Jura.

De plus, l’intérêt général du projet perd encore de sa substance lorsque des voix s’élèvent ici et là pour tenter de remettre en cause la mixité fret et voyageur de la ligne, dans l’espoir d’en réduire le coût.
Les garanties de RFF sur cette mixité sont-elles fiables et de quel type de fret parle-t-on vraiment ?

En outre, le coût environnemental est très loin d’être neutre et beaucoup de voix s’élèvent pour s’opposer aux différents tracés proposés.

Des choix plus pertinents sont possibles :

Pour toutes ces raisons, les Verts pensent qu’il convient de tout peser, en prenant le temps nécessaire à des décisions qui engagent si fortement l’avenir.
Il nous semble nécessaire de tout remettre à plat pour envisager des solutions à moindre coût financier, à moindre impact environnemental, et à moindre nuisance pour les riverains.
Ce qu’on nous propose c’est un territoire coupé en 2 et défiguré, des perturbations hydrologiques, un mitage des terres agricoles, un impact sur la faune et plus grave encore sur la biodiversité en général, tout ça au moment où le gouvernement nous parle de la nécessité de la trame verte et bleue.

Nous souhaitons privilégier l’aménagement et la modernisation des lignes existantes, qui pourront être optimisées par des techniques alternatives tel que le pendulaire dont la conception est en cours d’évolution. Alstom a d’ailleurs racheté le brevet « Pendolino » à la Fiat ferroviaria en 2000, et il est déjà en service dans une dizaine de pays européens.
Le TGV ne sera pas à l’avenir la seule solution technique et certains progrès technologiques nous offriront une diversité de choix.

Ne nous enfermons pas dans un carcan idéologique qui nous est imposé comme un modèle national !
Ne laissons pas un à priori technologique dicter nos choix de tracés et de dessertes !

C’est sur tous ces aspects que nous débattrons avec les francs-comtois !

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