13 février 2011

Nous voterons contre la branche Est !

L'Est Républicain du 13 fev 2011 La première phase de la branche Est de la LGV est en voie d’achèvement. Vous êtes à la fois vice-président du conseil régional chargé des transports et militant Europe Ecologie-Les Verts. La contradiction n’est-elle pas difficile à gérer ?

La responsabilité en politique amène à assumer des choix qu’on n’aurait pas faits soi-même. Cette LGV n’est pas celle que Les Verts avaient souhaitée, chacun le sait. Mais elle est là. Il faut donc l’aborder de façon positive et faire que la Franche-Comté profite de ces 140 km. Elle doit irriguer au mieux notre territoire. Je travaille à la fois sur la navette qui reliera, à Besançon, les gares Viotte et d’Auxon et, dans l’Aire urbaine, sur la ligne Belfort-Delle pour que ces dessertes soient les meilleures. En revanche, j’entends affirmer notre différence pour la suite du projet. C’est-à-dire ? Europe Ecologie-Les Verts réclame un moratoire national pour la totalité des dossiers de LGV. Je le défends au sein de la commission transports de l’Association des Régions de France dont je suis également le vice-président. Il va de soi que cette revendication concerne aussi la Franche-Comté.

« Investissement énorme »
La présidente du conseil régional multiplie les démarches, à Bruxelles ces derniers jours, afin d'obtenir l’achèvement rapide de la branche Est à ses deux extrémités vers Mulhouse et Dijon. Cela signifie-t-il que vous la contestez ?

Marie-Guite Dufay est dans son rôle et dans la logique de sa propre action. Elle en a le droit. J’observe cependant que les 50 km concernés ont un coût de réalisation proche du milliard d’euros, que ce montant devra être réactualisé et que cet investissement énorme n’apportera qu’un gain de temps d’une vingtaine de minutes. Le conseil régional a investi 210 M€ pour la première tranche. Il lui faudrait remettre de 80 à 85 M€ au pot pour la seconde. En ces temps de restrictions budgétaires pour les collectivités, en particulier pour les conseils généraux déjà fortement sollicités, je préfère que nous consacrions cet argent à la remise en état du réseau régional qui en a bien besoin.

Cela signifie-t-il que vous voterez contre, si le lancement de la seconde phase de la branche Est soumis à l'approbation du conseil régional ?

Oui, nous voterons contre. Je rappelle que 80 % des déplacements ferroviaires des Francs-Comtois se font dans un rayon de 50 km. Au moment même où nous inaugurerons cette LGV qui permettra la circulation de rames à 320 km/h, la vitesse restera limitée à 20 km/h sur 1,5 km de la ligne des Hirondelles vers Saint-Claude. L’exemple est parlant. Les recettes de Réseau ferré de France ne couvrent que 80 % des coûts d'entretien.

C’est une position qui va vous opposer à la fois au PS et à l’UMP…

Ah bon ? Au PS, il me semble que Ségolène Royal a refusé de participer au financement de la LGV Tours-Bordeaux et renvoyé le dossier à l’Etat dont, a-t-elle souligné avec raison, c’est de la compétence. Et à l’UMP, il me paraît avoir entendu le Premier ministre, François Fillon, lors de son récent déplacement à Auxonne, dire que l’entretien des voies classiques était fondamental et qu’on ne pouvait pas, au prétexte de construire des LGV partout, léguer à la génération prochaine 30 000 km de voies classiques dégradées. Si, en Franche-Comté, élus PS et UMP décident d’affecter des centaines de millions à la LGV, ils devront en expliquer les conséquences budgétaires aux contribuables.

« Plus d'objectivité »
La branche Sud de la LGV, vous y croyez encore ?

Le coût de la copie rendue par RFF serait de 3,3 milliards. Même remaniée, si l’option de la grande vitesse l'emporte, il finira à 5 ou 6 milliards. La branche Sud est financièrement infaisable, tout le monde le sait mais nous seuls, écologistes, osons le dire.

Quelles sont vos propositions, alors ?

Que la branche Sud ne se fasse jamais, ce que nous pensons, ou qu’elle soit construite dans 30 ou 40 ans, comme le rêvent encore certains, ne change rien à la nécessité d’améliorer l’existant. Marie-Guite Dufay m’a confié le pilotage de l’étude de l’axe sud. Cette desserte peut s’enviager par trois lignes, ensemble ou séparément, la Bresse, le Revermont et les Hirondelles. Le conseil régional va se faire accompagner par un assistant de maîtrise d’ouvrage pour plus d’objectivité. Le cabinet qui conduira les études en 2012 devra avoir une expérience en la matière. C’est le cas notamment de bureaux suisses et allemands. J’y insisterai dans la rédaction de l’appel d’offres.

Propos recueillis par Jean-Pierre TENOUX

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres interessant, merci