07 juillet 2011

« LGV Rhin Rhône : s’arrêter au raisonnable »

Lettre ouverte aux présidents des collectivités locales
Les élus régionaux Europe Écologie - Les Verts de Bourgogne, Franche-Comté et Alsace

A l’attention de François Patriat, Président du conseil régional de Bourgogne
A l’attention de Marie-Guite Dufay, Présidente du conseil régional de Franche-Comté
A l’attention de Philippe Richert, Ministre chargé des collectivités territoriales, Président du conseil régional d’Alsace

Dijon, Besançon, Strasbourg, le 1er juillet 2011

Madame et Messieurs les Présidents, Monsieur le Ministre,

A quelques semaines des prochaines Conférences des Exécutifs, et du Comité de Pilotage pour la seconde phase de la branche Est, les conseillers régionaux Europe Écologie - Les Verts de Bourgogne, de Franche-Comté et d’Alsace ont souhaité une nouvelle fois unir leurs voix.

Nous appelons unanimement les collectivités locales à prendre en considération la situation dans laquelle se trouve désormais le projet de Branche Est seconde phase de la LGV Rhin Rhône.

Désengagement de partenaires (État, RFF, Suisse, Europe), gouffre financier (1,3 Milliard d’€) : la seconde phase de la Branche Est s’affirme aujourd’hui comme une véritable impasse financière, au vu des quelques dizaines de minutes qui pourraient être gagnées sur l’axe nord-sud.

Les différents acteurs engagés doivent savoir aujourd’hui exprimer le choix politique et raisonnable de renoncer à la construction de la seconde phase de la branche Est. Ce projet extrêmement coûteux n’est d’ailleurs pas nécessaire puisque le dimensionnement en gabarit TGV de l’infrastructure n’est que très peu utile dans ces zones courtes d’extrémités de branche, vouées à la décélération et à l’accélération.

Nous ne pouvons plus nous permettre de rester dans l’attente de réalisation de projets devenus, par bien des aspects, de plus en plus chimériques.

Dans un contexte financier rendu incertain pour les Régions du fait du désengagement de l’État, nos collectivités ont intérêt à se recentrer sur leur mission première en matière de transports, à savoir : la gestion de nos Trains Express Régionaux (TER).
Les élus écologistes posent l’équation en ces termes : « pourquoi dépenser des milliards en LGV pour gagner quelques minutes ? Alors même, qu’avec quelques millions d’euros, nos Régions sont en mesure de faire évoluer qualitativement et quantitativement le trafic TER existant et dans des délais courts. »

Il y a une urgence sociale et écologique à encourager l’utilisation de ces transports en commun avec des tarifs attractifs, des horaires fiables, du matériel de qualité. Rappelons que près de 80% des voyageurs effectuent des trajets de moins de 50 km depuis leur domicile !
Accordons nos priorités aux besoins réels des usagers de nos régions. Ils ont massivement, plus d’intérêt à voir confortées les liaisons de proximité, qui leur sont chaque jour ou chaque semaine utiles, qu’à gagner quelques poignées de minutes sur de rares trajets très longs en Lignes à Grande Vitesse.

C’est pourquoi, nous vous proposons d’explorer dès à présent de nouvelles pistes pour répondre à la demande :
- maintien des lignes existantes :

La ligne de la Bresse, de Dijon à St Amour, qui est une ligne moderne, à deux voies, électrifiée … ce qui se fait de mieux en France. Elle permet des liaisons de Dijon à Lyon ou Genève, de Paris à l’Italie, elle a un intérêt local pour les travailleurs, les étudiants se rendant à Dijon ou Bourg en Bresse, et elle est très sous utilisée. En outre, cette ligne par Louhans et Bourg permet un trajet Nord Sud alternatif à la ligne Paris Dijon Lyon en cas de problème, travaux ou incidents, et il y en a souvent sur cet itinéraire très chargé. Or le Conseil régional de Bourgogne prévoit la suppression de 7 trains pour décembre 2011, très partiellement remplacés par des trajets en autobus peu efficaces, pas attractifs du tout, et qui ont donc peu d’avenir, parce qu’ils allongent de plus d’une demie heure le trajet entre Louhans et Dijon, par exemple.

Réouverture de la ligne Bollwiller Guebwiller en Alsace

- modernisation des lignes TER qui structurent l’aménagement du territoire comme :
La ligne Mulhouse Paris par Troyes

- Optimisons l’existant. Nous avons toujours affirmé que construire la branche sud était inutile… tout simplement parce que cet axe existe déjà ! Concentrons nos efforts sur la modernisation des voies existantes (Bresse, Revermont, PLM, Hirondelles). Utilisons un matériel moderne capable d’atteindre les 200 km, comme le pendulaire par exemple, pour rallier Lyon depuis la branche Est, permettant ainsi de desservir et de mieux irriguer les territoires concernés.

-Engageons dès maintenant le véritable tour de table pour assurer les financements pour la modernisation des liaisons transrégionales et transfrontalières modernes.
Nous pouvons à ce titre évoquer les liaisons Delle – Belfort, Besançon –Morteau – Le Locle, Besançon – Frasne – Pontarlier Neuchâtel et Vallorbe Lausanne.

Nous devons collectivement tourner la page et savoir rester dans les politiques du
raisonnable. Cela vaut pour le dossier Branche Est seconde phase, la Branche Ouest, et la Branche Sud. Saisissons cette situation comme une opportunité pour unir nos forces sur de nouveaux projets en renforçant d’une manière plus concrète, plus directe, notre politique d’investissement en matière de transports ferroviaires.

Respectueusement,

Pour les Elus Europe Ecologie Les Verts
Jacques Fernique, Président du groupe Europe Écologie - Les Verts au Conseil régional d’Alsace
Philippe Hervieu, Président du groupe Europe Écologie - Les Verts au Conseil régional de Bourgogne
Marc Borneck Président du groupe Europe Écologie - Les Verts au Conseil régional de Franche- Comté

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