27 juin 2011

Les élus EELV n'approuvent pas l'aménagement autour de la gare LGV d'Auxon

Assemblée Plénière du 24 Juin 2011
Intervention d’Eric DURAND, Europe Ecologie les Verts
Sur le rapport « Développement du secteur autour de la gare Besançon Franche-Comté TGV »

Chers collègues,
Ainsi ce rapport nous propose de pactiser !
Puisque, en effet, on nous soumet dans ce rapport non pas une convention, ni une charte, ni un protocole à passer entre collectivités, mais un pacte.
Nouvelle forme sans doute de partenariat entre acteurs publics qui permet à chacun de partager une ambition commune sans préciser à qui incombe les réalisations de sa mise en œuvre.
C’est assez pratique en somme, il n’y a aucun engament financier, aucune responsabilité à venir sur quelque projet que ce soit.
Je n’ironiserai pas sur le fait de savoir avec qui « on passe un pacte » dans l’imaginaire de nos sociétés, mais, si ce pacte ne sent pas le soufre, puisque il n’engage pas vraiment les signataires, il acte néanmoins et malheureusement l’ambition des collectivités à se diriger vers une pente dangereuse et non vertueuse en terme d’aménagement du territoire, de transport et d’urbanisation.
Il consacre l’étalement urbain et renie toute volonté d’économie d’espace, il affirme la nécessité absolue de poursuivre les investissements jusqu’à la réalisation des 3 branches de la LGV, il affirme la priorité de la desserte routière alors que le projet central est une gare.
Certes, maintenant que nous avons une gare à une quinzaine de km du centre ville de Besançon il faut bien meubler autour. Il est évident que « le laisser faire » des élus locaux devant la volonté de la SNCF et de RFF de construire une gare à Auxon, tétanisés devant la crainte que la LGV ne se construise pas, a constitué l’erreur originelle que nous ne cesserons de payer très cher et pendant des années. Les acteurs publics, sont maintenant contraints de dépenser des sommes folles pour aménager ce site et trouver un justificatif à ce choix désastreux d’avoir construit cette gare loin de la capitale régionale. Il faudra bien qu’un jour, bilan soit fait des dépenses totales des collectivités, de l’Etat, de RFF et de la SNCF pour construire ces 140 km de LGV et tout ce qui va autour. Rien que pour le conseil régional, l’addition est douloureuse, il y a les 192 Millions d’€ de travaux de la LGV, les 12, 6 Millions d’€ qui seront actés tout à l’heure dans le PDMI pour l’aménagement routier autour de la RN 57. Il faudra ajouter, le coût des navettes TER, celui des navettes LIVEO, et l’aménagement de la future ZAC, et ce n’est probablement pas terminé.
Ce rapport, ou plutôt ce pacte, nous propose ainsi de répondre à une quadrature du cercle que nous pensions pourtant impossible à voir réaliser, celle chère à Alphonse Allais, celle de construire une ville à la campagne.
Dans cette riante campagne, nous aurons donc la gare, importante gare TGV, pour que chacun puisse se rendre à la capitale en 2 h 10, depuis Auxon, certes rebaptisé « Besançon Franche-Comté TGV ». Puis, pour que les gens qui veulent prendre le train puissent le faire depuis leur bureau, on construit une zone pour développer le tertiaire, mais en clairière, évidemment on est à la campagne, dans une forêt, même dans une ZNIEFF abritant donc une biodiversité importante, mais c’est secondaire.

Et puis on se dit que c’est vraiment bête que les gens qui doivent aller à Paris, mais qui n’habitent pas Auxon (il y en a quelques-uns) soient coincés ½ heures dans les bouchons pour sortir ou entrer dans Besançon alors qu’ils avaient gagné 20 minutes sur le temps actuel du Paris Besançon ; alors il faut mettre à 2X2 voies la RN57 et aménager correctement la RD1 et son échangeur. Et puis pour justifier tout cet argent public dépensé on se dit qu’il faudrait mettre d’autres activités sur cette zone, comme un palais des congrès ou autres activités économiques industrielles et pourquoi pas aménager au nord de la LGV là où vit une espèce protégée de batracien qui, on se demande bien pourquoi, a eu la mauvaise idée de se trouver à l’emplacement de notre ville à la campagne.
Il faut savoir que tous les 10 ans, en France disparait l’équivalent de la surface d’un département moyen, perdu irrémédiablement pour l’agriculture, pour le maintient de la biodiversité. La région, dans ses propres politiques a fort heureusement décidé de conduire une stratégie permettant d’optimiser le foncier déjà urbanisé avec une volonté de reconquête des friches industrielles. La zone d’Auxon échappe à ce paradigme.

Certes, ce pacte permet sur la forme, la mise en place d’une coordination des collectivités autour de l’aménagement de cet espace et tente d’instaurer une nouvelle forme de gouvernance pour la gestion de cette zone. Cependant, quand on y réfléchit bien, ce pacte sur le fond, est un petit résumé de tout ce qu’il ne faut pas faire, et même mieux, de ce que notre institution dit ne plus vouloir faire : Investissements routiers, étalement urbain, consommation d’espace, destruction de la biodiversité, dépenses budgétaires importantes….
A cela s’ajoute comme je l’ai dit en début de mon intervention l’affichage de cette volonté dépassée  de vouloir réaliser les trois branches de cette LGV.
Vous comprendrez que pour toutes ces raisons, chers collègues, nous ne voterons pas ce rapport.
Je vous remercie

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