30 septembre 2014

Plan Régional du BTP

Assemblée Plénière du 26 septembre 2014  
Intervention d'Eric Durand

Nous nous apprêtons à attribuer 35 millions d’euros pour soutenir l’activité du BTP qui subit actuellement une situation difficile. La première question qui nous paraît utile de poser c’est pourquoi ? Pourquoi le carnet de commandes de ces entreprises est désespérément peu rempli ? Et bien parce que comme leur nom l’indique, les entreprises du BTP réalisent des travaux publics et actuellement elles n’ont plus de commandes publiques. Et pourquoi n’en-ont-elles plus ? Parce que les collectivités, premier investisseur en France, sont soumises à une baisse drastique de leurs dotations et que l’Etat lui-même investit moins. Il y a donc quelque chose d’utopique sur le principe à vouloir éponger à nous seuls sur 6 mois d’activité, un vrai problème structurel de l’économie du BTP qui dépend logiquement de la commande publique.

Comment envisage-t-on la suite de ce plan au-delà des 6 mois des travaux engagés ? Il est urgent d’envisager l’avenir économique de ces entreprises au-delà de l’aide ponctuelle qu’on leur apporte aujourd’hui.

La seconde question, qui découle d’ailleurs de ce raisonnement, est : Devant les centaines d’emplois et de TPE menacés par cette situation grave que nous déplorons, faut-il colmater les brèches ou réorienter notre économie ? En d’autres termes, les collectivités sont-elles condamnées à imaginer des travaux d’infrastructures (doublement de voies, autoroutes, LGV…) pour donner des emplois, certes fondamentaux pour ceux qui les occupent, mais non pérennes, ou bien doivent-elles réorienter l’économie vers des activités plus durables participant à la transition écologique de notre économie ?

Cela nous amène à la troisième question : Pourquoi ne pas investir dans des travaux orientés plus significativement vers de l’efficacité énergétique ? Nous avons en Franche-Comté, comme ailleurs, un parc de bureaux, de logements, et d’équipements publics, dont ceux de notre collectivité, qui ne répond pas du tout aux exigences thermiques du 21ème siècle. Si on abondait plutôt notre plan bâtiment avec ces sommes, nous répondrions à la forte exigence que nous nous sommes fixée en terme d’efficacité énergétique, tout en permettant de maintenir ou de créer un grand nombre d’emplois dans le secteur du bâtiment.

Je rappelle à ce titre que le secteur du bâtiment est davantage pourvoyeur d’emplois que les TP :
 - 15 emplois créés pour un million d’euros investi dans l’efficacité énergétique
 - 8 emplois créés pour un million d’euros dans le TP dont le ferroviaire (6 si on exclut le ferroviaire)

De manière plus précise, nous distinguons plusieurs orientations de ce plan qui nous paraissent en effet vertueuses. L’augmentation du plafond et le taux de dépenses d’investissement, ainsi que la mise en place d’une avance remboursable pour les TPE nous semblent aller dans le bon sens, de même que l’ouverture du fonds régional de garantie aux entreprises au BTP et le dispositif de consolidation de trésorerie ainsi que le fonds de continuité professionnelle.

 Nous sommes par contre beaucoup plus circonspects sur le volet investissement de ce plan qui privilégie davantage les travaux publics que les travaux du bâtiment. Nous allons ainsi financer de nombreux trottoirs, routes, bordures, aménagements divers et 25% des 9.5 kms de 2X2 voies, en dépit de nos compétences propres que nous soutenons que très peu dans ce plan.

 Concernant la mise à 2X2 voies entre Voray sur l’Ognon et Rioz, nous tenons à préciser que nous nous sommes toujours opposés à ce type d’équipement parce qu’il ne correspond pas à notre conception de l’aménagement du territoire. Amener de plus en plus de voitures dans un goulet d’étranglement, que constitue forcément une entrée de ville, c’est bien déplacer le problème et non le résoudre.

Pour un coût moindre que notre participation de 12.3 millions d’euros à cet investissement, nous pourrions rénover l’ancienne voie ferrée de Devecey et créer un parking relais vers Devecey ; Cette voie ferrée qui pourrait d’ailleurs être empruntée par le tramway de l’agglomération. En ces temps de disette financière, où l’on est obligé d’expliquer que tel ou tel investissement est repoussé, comment expliquer que l’on dégage 35 millions d’euros pour réaliser des travaux en dehors de nos politiques habituelles, dans les 6 mois à venir ?

Je terminerai mon propos en disant que s’il existe un grand nombre de TPE dans ce domaine, dont je souhaite sincèrement voir continuer leurs activités, je sais aussi que le BTP est caractérisé par la présence de multinationales ou de groupes importants qui se partagent les marchés. Parmi ces entreprises, les deux plus importantes sont également propriétaires des sociétés d’autoroutes françaises dont l’autorité de la concurrence a dénoncé récemment le rentabilité excessive depuis leur privatisation (de l’ordre de 20 à 25%). Nous pensons donc que ces entreprises n’ont pas véritablement besoin de l’aide des collectivités pour survivre et nous voudrions croire qu’elles ne bénéficieront pas de cet argent public.

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