Discours liminaire de Marc Borneck
Discours Marc Borneck
Assemblée Plénière 18 et 19 décembre
2014
Conseil Régional de Franche Comté
Madame
la Présidente,
Chers collègues,
Pour ce dernier budget de la mandature,
je voudrais tout d’abord avoir un bilan et regarder vers l’avenir.
Le bilan, c’est bien entendu, la fierté
de mon groupe d’avoir mis tous nos moyens pour accompagner, accélérer la
transition écologique, dont la transition énergétique, de notre Région :
• Avec le développement des transports collectifs, et ce grâce à l’ouverture de
lignes ferroviaires transfrontalières avec la Suisse, le renouvellement du parc
TER inscrit dans ce budget ; Nous avons pu,
à force d’obstination et malgré un CPER axé sur sa partie mobilité à 80% sur
les routes, peser sur les enjeux fondamentaux de
mobilité durable, que portent nos lignes TER.
Je pense là aux lignes des hirondelles, du Revermont, des horlogers, et ce, malheureusement,
sans un soutien substantiel de l’Etat, puisqu’il continue à avoir une vision
obsolète de l’avenir en la matière de déplacements.
• Avec un programme ambitieux et
novateur de travaux d’économie d’énergie, qui, entrepris depuis longtemps, a
fait de notre région, la région pionnière dans
ce domaine au niveau national, via effilogis, un pôle
énergie… et bien sûr, le plan d’amélioration énergétique des lycées.
• Avec le démarrage de notre collectivité dans le processus d’accompagnement
de production d’énergie renouvelable sur notre territoire ;
• Avec une politique au bénéfice de la
biodiversité et de l’eau : le Schéma Régional de Cohérence Ecologique, les
parcs naturels régionaux, les réserves régionales, le fonds régional de la
biodiversité, le pôle karst ; autant d’outils qui mériteront d’être amplifiés.
• Avec notre travail de longue haleine
pour défendre et promouvoir l‘agriculture biologique, respectueuse
de notre environnement et de la qualité des eaux. Produire bio mais aussi
écouler les productions localement grâce aux circuits courts et de proximité, et bien entendu consommer ces produits dans nos
lycées ;
• Avec notre soutien pour l’économie
sociale et solidaire et aux dispositifs comme à la Foncière agricole Terres de
Liens
• Avec le verdissement de nos politiques
économiques : inscription de la Transition énergétique dans les priorités du
Schéma Régional de Développement Economique. Notre volonté de voir se
reconvertir notre tissu industriel grâce à l’innovation environnementale. Je
note avec plaisir qu’en octobre « Faurecia » et
« Interval », deux groupes franc-comtois, ont lancé « Automotive
Performance Matérials » pour produire des matières premières bio-sourcées
afin de poursuivre la dynamique entamée d’allégement des véhicules. Les
producteurs de chanvre franc-comtois attendaient depuis longtemps la mise en
acte des recommandations européennes.
C’est ce bilan et la volonté de le
poursuivre qui motivera notre vote aujourd’hui
Mais tout n’est pas rose ni vert.
Il reste que nous sommes encore trop
souvent des lanceurs d’alerte en matière sociale et environnementale, mais
aussi financière.
L’économie verte
reste encore trop timorée. Les projets Center
parcs, 2eme phase de la branche Est de la LGV RR, routes sont dans la droite
lignée d’un modèle économique désuet.
L’argent est
rare, les investissements doivent être choisis de manière encore plus
pertinente.
Pour en revenir
au sujet du jour, le budget de l’année à venir, l’enjeu est double : établir
un budget s’inscrivant dans un processus de fusion avec la région Bourgogne et
dans un contexte de réduction des moyens.
Vous le savez
tous, les budgets doivent être vus sur plusieurs années, or le changement de
paradigme avec la fusion des 2 régions rend l’exercice plus complexe mais
constitue une opportunité. Et ceci plus particulièrement sur des compétences
fortes que sont les TER, les lycées ou la formation
professionnelle.
Réforme
territoriale que nous appelions
de nos vœux, mais qui, comme nous l’avions
évoqué lors des dernièrs débats, aurait déjà dû
porter en premier sur les compétences et l’autonomie fiscale des région. Par
ailleurs, nous regrettons de n’avoir pas été sur la simplification du
millefeuille avec le maintien de la plupart des départements et de leurs
compétences actuelles.
Néanmoins, nous nous félicitons aujourd’hui que nos deux régions se donnent les
moyens pour que, dès maintenant la fusion se déroule dans les meilleures
conditions possibles.
Le sujet que
vous attendez tous : l’aéroport de Tavaux. N’imaginez pas une seule
seconde que nous pensons avoir triomphé. L’objet de notre réflexion et de nos
prises de position depuis de nombreuses années sur ce sujet, ne fait pas partie
d’un jeu que nous aurions avec les uns ou les autres. Simplement, nous avons
affirmé depuis le début, qu’environnementalement le transport aérien sur des
petites distances est une aberration, que le financement de ce type de service,
qui n’est pas un service public, doit être fait uniquement par les opérateurs
aériens dans le cadre d’un modèle économique stabilisé.
Dans
un contexte de fusion des régions et de baisse des dotations de l’Etat, il est
primordial que le budget régional soit axé en direction des politiques et des
services publics qui améliorent la qualité de vie des francs-comtois.
Bien que la
concrétisation budgétaire n’apparaisse pas dans ce budget 2015, des fléchages
FEADER seront à discuter notamment en matière d’aide à l’agriculture
biologique. La position de l’Etat ayant été phagocytée par le lobby agricole
productiviste ne peut être accepté en l’état dans notre région.
Ainsi si nous
voulons atteindre les objectifs du plan ambition bio 2017 de l’Etat, nous ne
pourrons nous satisfaire du rapt par l’agriculture conventionnelle de
l’essentiel des subventions dédiées aux mesures agro environnementales.
Je vous l’ai
déjà dit, et je le répète, ce qui nous anime, nous écologistes, c’est bien une
vision à long terme des défis que nous devrons tous relever pour assurer un
avenir à nos enfants.
L’organisation
de la COP 21, Conférence des Partis, appelé également « Paris 2015 »
sur notre territoire national, devra être un indicateur que nous devrons suivre
pour lutter contre le dérèglement climatique. Pour certains, cet état de fait
ne signifie pas grand-chose, et pourtant, il est grave de conséquences humaines
et financières. D’ailleurs à Lima, ils ont dû, lors de la COP 20, prolonger de
30 heures le RDV, car il était impensable que les Etats se séparent sans engagement.
Il est un sujet
tout aussi grave : la biodiversité ou plutôt la perte de biodiversité. Si
un rapport du WWF fait état d’une diminution de 50% du nombre d’espèces
sauvages vertébrés terrestres ou marines entre 1970 et 2010. La biodiversité
concerne aussi des animaux de notre région et notamment les abeilles, dont la
disparition aurait, chacun commence à le savoir, des impacts terribles dans des
domaines qu’on peut penser à priori bien éloigné de cette question.
Tous les
scientifiques s’accordent à dire que la disparition de l’abeille amènera
inéluctablement à la disparition de 60 à 80% des aliments que nous
mangeons : pas de pollinisation pas de fraise, pas de pollinisation pas de
tomate, pas de pollinisation pas de pomme…
Dans
le contexte actuel de perte de biodiversité, la région a montré sa volonté de
progresser vers davantage de prise en compte de la biodiversité dans ses
politiques notamment à travers le fonds de biodiversité mais surtout en
structurant l’action de la Maison de l’environnement. La Maison de
l’environnement a permis aux associations environnementales de s’organiser pour
répondre aux besoins des collectivités régionales et départementales qui
souhaitaient disposer d’un interlocuteur fédérateur et d’outils pour les aider dans l’élaboration de leurs projets en matière
d’impact environnemental. L’outil SIGOGNE en est la concrétisation en dotant la
Franche-Comté de cet outil innovant et unique en France qui ouvre l’accès aux
informations sur la biodiversité aux collectivités pour garantir un
développement durable.
Evidement pour assurer à notre Région les moyens de
ses ambitions, en ces temps de disette, nous avons toujours plaidé pour une
plus forte mobilisation du seul levier fiscal à notre disponibilité, la taxe
sur les cartes grises. Dans cet esprit nous vous proposerons donc un amendement
au moment du débat budgétaire.
Nous notons, que
parallèlement, le CESE dans son assemblée Plénière de lundi, a confirmé ses
observations formulées lors du débat d’orientations budgétaires à savoir :
Pour le CESE, l’inévitable maîtrise des
dépenses de fonctionnement ne doit pas occulter le débat sur une possible
évolution de la fiscalité régionale, la seule marge de manœuvre réside dans
l’augmentation du tarif régional de la taxe sur les cartes grises.
Cette possibilité fait néanmoins l’objet de débats au
sein de l’assemblée consultative régionale :
- L’augmentation pourrait donner une marge de manœuvre
« relative » mais « nécessaire » à la recherche de l’équilibre budgétaire 2015
(un tarif majoré de 1 € représenterait 1 M€ de recettes supplémentaires). Pour
les acquéreurs de véhicule, cette hausse pourrait être « modérée » si elle est
ramenée au coût global d’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion.
- Cette augmentation pourrait être malvenue dans un
contexte où le pouvoir d’achat diminue et où le coût des transports augmente.
Le CESE n’ignore pas le caractère impopulaire de cette hausse de fiscalité.
Nous déposons également, avec nos collègues de la
majorité, un vœu pour que la Région Franche-Comté,
région frontalière traversée par de nombreux flux de camions interrégionaux et
internationaux, se porte candidate à une
redevance poids lourds, comme en Alsace et en Lorraine.
Puisque tous les
partis politiques se revendiquent écologistes aujourd’hui, nous les appelons
donc à l’action et à voter ce vœu tout à l’heure. Nul doute qu’en ces temps d’inondations, de mobilisations contre le
réchauffement climatique et la pollution de l’air, d’inégalités et de pauvreté,
de pari à prendre sur l’égalité des territoires, sur la culture et l’éducation,
les emplois et investissements d’avenir, l’écologie est plus que jamais
nécessaire aux Régions.
C’est pourquoi
nous voterons ce budget.
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