19 décembre 2008

Aéroport Dole-Tavaux

Assemblée Plénière du 19 décembre 2008
Intervention d'Eric DURAND sur le rapport "transports" du Budget Primitif 2009

D'une année à l'autre, les rapports présentant les budgets de chaque politique ont souvent une même architecture. Les montants changent, des politiques peuvent apparaître ou disparaître en fonction des orientations des élus. Dans ce rapport il y a un chapitre qui, au regard de nos engagements précédents aurait dû disparaître, il s'agit du soutien à l'aéroport de Dole-Tavaux.

En effet chers collègues, il ne vous aura pas échappé qu'avec l'aéroport de Dole-Tavaux c'est comme pour les gourmandises, « quand il y en a plus, il y en a encore ».

Il y a dix mois lors de l'examen des orientations budgétaires 2008, il était fait mention de la phrase suivante à ce sujet « Dans le cadre de la décentralisation l'aéroport a fait l'objet d'un transfert au Département du Jura. Il appartient donc au nouveau propriétaire d'en assurer le fonctionnement. Ne constituant pas un enjeu majeur du transport régional en Franche-Comté, la région ne participera plus au fonctionnent de l'aéroport de Dole-Tavaux ». On ne pouvait être plus clair.

Peu après, en décembre, lors du vote du BP 2008, nous concédions au département du Jura un accompagnement financier, je lis : « Il est proposé d'accompagner le Département du Jura, nouveau propriétaire de l'infrastructure, dans une période transitoire d'un an au maximum, entre la fin de la convention de gestion 2004-2007 et la nouvelle concession à attribuer. La Région s'engagera donc à apporter une subvention forfaitaire et non révisable pour l'année 2008 ».

Cette subvention se montait alors à 180 000 €, Michel Loyat l’a dit dans sa présentation.

Devant cet engagement de désengagement, si je puis dire, le Groupe vert ayant pris acte d'un abandon louable du soutien à ce moyen de transport fort peu écologique, n'avait alors pas manifesté sa forte désapprobation.

Il faut dire que les élus verts, avaient été à l'époque assez rassurés par cet engagement car nous savions que la région, fière de contribuer à la réalisation de la LGV, n'irait plus sur la voie des airs.

Et déjà, bien avant, en 2005, nous n'étions pas les seuls à être très critiques sur le transport aérien et sur l'aéroport de Dole-Tavaux : Ainsi, je cite :
« Le transport aérien va connaître une révolution en raison du coût de l'énergie, de l'augmentation du gabarit des avions qui vont conduire à une réduction du nombre des plates-formes aéroportuaires. Quand on voit les difficultés de certaines, on ne peut qu'être incité à la prudence. Pour Tavaux, la perspective imaginable est celle de l'aviation d'affaire et toute autre supposerait des efforts considérables. Le TGV va changer la donne, et je pense à la branche Sud. Nous serons alors à deux heures de Paris, à moins d'une heure de Saint-Exupéry, quel serait alors l'intérêt de l'aéroport? » s'interroge Raymond Forni.


Depuis cette période, d'autres éclairages sont venus nous conforter dans notre position, des éclairages plus économiques qu’écologiques. Mais souvent sur le long terme, ces deux notions opposables se rejoignent en fait.
La cour des comptes dans un rapport paru en juillet 2008, sur la gestion des aéroports français met en lumière les gouffres financiers des principaux aéroports régionaux. Elle révèle, s'appuyant sur les rapports des Chambres régionales des comptes, la légèreté des finances des gestionnaires des ces aéroports notamment dans le subventionnement pour la venue de compagnies à bas coût.
La pratique des aides marketing est généralisée dans la plupart des aéroports accueillant ces low-cost, c'est à dire des subventions déguisées à ces compagnies, pour quelles viennent s'installer sur leur piste. La compagnie Irlandaise Ryan Air aurait ainsi collecté quelques 400 millions d'euros d'argent public auprès des collectivités françaises.

Je me permets d'évoquer ce point, chers collègues car, il a été question à un moment d'attirer ce type de compagnie sur Tavaux. La Cour des Comptes précise que « dans la quasi totalité des cas, ces plate formes ne dégagent pas de capacité d'autofinancement positive sans prise en compte des subventions d'exploitation ». Alors puisque le CG 39 est en phase d'étude, nous aimerions bien connaître les « pistes » de cette étude. Car nous ne voulons pas qu'en plus d’une erreur écologique les collectivités s'engagent dans une erreur économique.

Sans compter dans ce contexte que l'activité de l'aéroport de Dijon-Longvic a été confortée récemment, et ce jusqu'en 2014, et qu'il bénéficie lui aussi du soutien des finances publiques locales. Pour illustration, 250 000 euros d’autorisation d’engagement sont prévus au budget du Conseil régional de Bourgogne, pour palier au déficit d’exploitation de cet aéroport, auxquels il faut ajouter 650 000 euros à ce même budget régional bourguignon pour aider l’implantation d’un compagnie low-cost. Au-delà de toute autre considération évoquée plus haut, on peut s'interroger sur la pertinence de deux équipements équivalents à quelques dizaines de km l’un de l’autre.

Alors nous nous interrogeons sur ce revirement. Nous aurons sur ce budget, à payer la LGV et l'aéroport.
Le fer et l'air, comme si nous avions les moyens, comme si cela était conforme à nos objectifs régionaux de réduction des Gaz à effet de serre, comme si cela était dans l'esprit de notre agenda 21, comme si nous ne savions pas que l'avion est le moyen de déplacement le plus polluant qui soit, le plus gourmand en énergie, le plus irresponsable quand on a une alternative de déplacement.

Nous n'avons pas d'intérêt collectif à ce que le trafic aérien se développe, pas plus à Tavaux, qu'à Bâle ou à Orly. Les voyages en avions doivent se limiter aux endroits où il n'y a pas d'autres alternatives, et surtout pas pour des vols intérieurs, là où nous avons ou aurons d'autres moyens de transports rapides et confortables. Sans compter que plus les vols sont courts, plus l'avion est émetteur de CO2 par rapport à la voiture, sans parler du train dont le bilan en terme d'émissions et de consommation d'énergie par passager est le meilleur.

On peut s’interroger par ailleurs sur l’argument qui consiste à dire que nous devons avoir un équipement qui permette à des avions d’affaires d’atterrir en Franche-comté, pour que des chefs d’entreprises ou autres, en visite sur notre territoire puissent se rendre à Dole ou à Besançon. Est-ce à la collectivité, donc au contribuable, de permettre à ces hommes d'affaires de diminuer le coût de leur voyage en participant à l'infrastructure ? Ne peut-on pas considérer, d'autant plus facilement en ces temps de crise, que s’ils ont les moyens d’affréter un avion, ils ont également les moyens de payer une taxe d’aéroport conforme au véritable coût d’entretien de l’équipement ?
La collectivité ne doit-elle pas privilégier le moyen de transport profitant au plus grand nombre, plutôt qu'aux plus privilégiés ?
D’autant plus, et tout le monde peut le reconnaître, qu’avec le TGV, même dans sa configuration actuelle les 2 heures qui nous séparent de Paris depuis Dole et les 2 heure et demi depuis Besançon, sont tout à fait acceptables pour l’emploi du temps d'un vacancier comme d'un homme d'affaire.

Notre vocation est le train : le TER pour son exploitation, la LGV depuis peu, pour notre participation à l'infrastructure. Restons en là, et cela est déjà énorme, car demain les enjeux de déplacements seront extrêmement importants et nous n'aurons pas à nous soucier des quelques privilégiés qui ne pourraient pas atterrir en Franche-comté mais bien de la population dans son ensemble et notamment les plus modestes sans autre alternative, qui compteront sur nous pour leur apporter un service à la hauteur de leurs besoins quotidiens.

Nous avons là, Mme la Présidente, pour vous répondre, une piste d’économie certes modeste à laquelle on peut ajouter l’abandon de notre participation sur les routes, en allant au delà de ce que vous avez annoncé.
L’emprunt est une injure aux générations futures, quand il est actionné pour pourvoir à des besoins de fonctionnement, il est un levier pertinent et parfaitement nécessaire quand on l’utilise pour des investissements d’avenir, ce que sont les investissements sur les transports en commun, et les TER en particulier.

Je vous remercie.

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